Présentation générale. La communication politique entre nécessité, instrumentalisation et crises
Arnaud Mercier, CNRS édition
https://books.openedition.org/editionscnrs/21165
Au niveau anthropologique, la communication intervient comme mise en scène des détenteurs du pouvoir, associée à un travail de légitimation de l’autorité.
L’anthropologue Marc Abélès (1997) parle de l’existence d’un « lien organique entre politique et représentation »
« les hommes politiques sont en représentation, agissent pour être vus agissant » (Bourdieu, 1981, p. 15).
Question : l’action publique peut se passer de la communication (de nombreuses choses se réalisent dans les collectivités sans qu’on en parle) mais que reste-t-il à la politique sans communication ? Il en résulte que les acteurs politiques ont à la recherche permanente d’un support pour que leur vision politique existe ! Ils vont donc avoir tendance à soutenir le développement de la communication publique pour pouvoir s’y greffer).
Les médias sont intrinsèquement liés à la démocratie, comme l’huile est indispensable au bon fonctionnement d’une machinerie complexe. En assurant différentes missions, d’information, d’éducation des citoyens, de contrôle des pouvoirs, les acteurs médiatiques exercent un rôle politique, en ce sens qu’ils sont amenés à soutenir le fonctionnement démocratique.
Aujourd’hui, l’essentiel de la communication politique se joue dans la maîtrise ou non par les hommes politiques, des médias de masse et la reprise ou non par les journalistes, des intentions de communication des hommes politiques.
La propagande : un désir de contrôler les représentations et de mobiliser les gouvernés
Les marchands de doute et les mensonges électoraux : risque cancérigène du tabagisme,
C’est une « industrie du mensonge » (Stauber et Rampton, 2004)
La campagne du Brexit en Grande-Bretagne
> Noam Chomsky : La fabrique du consentement
« La propagande est à la démocratie ce que la violence est à la dictature. »
Chomsky medias et illusions nécessaires 1
Internet et les réseaux socionumériques comme vecteurs de contestation politique
Les effets relatifs de la communication politique
Peu de citoyens changent leurs intentions de vote durant la campagne, et que ceux qui en changeaient citaient les discussions avec l’entourage bien avant les médias, comme facteur d’influence de leur revirement.
Enjeux de la communication politique
Dominique Wolton montre ainsi tout l’apport démocratique de la communication politique envisagée comme un triangle, où se critiquent librement, hommes politiques, médias et l’opinion publique représentée par les sondages.
La communication territoriale : constructions d’un champ
« (la communication locale) est incontestablement une communication publique ; l’accent est alors mis sur la dimension institutionnelle des organismes qui l’utilisent. […] du point de vue de ses finalités, elle représente une communication politique au service d’un exécutif, de dirigeants politico administratifs » (Bessières, 2009a, p. 21).
Dans la sphère locale notamment, l’imbrication de la communication publique et de la communication politique est donc, en pratique, presque inévitable, même si, en principe, il est possible d’énoncer quelques traits de distinction :
– En effet, théoriquement, une ligne de démarcation peut être établie entre la communication publique (à la française) et la communication politique. La première repose sur l’intérêt général alors que la seconde vise la promotion d’un individu ou d’un parti. Ce que laisse d’ailleurs entendre la séparation fonctionnelle, au Québec (à la différence de certaines communes françaises), entre, d’un côté, la communication du maire, gérée par le maire lui-même ou un attaché de son cabinet et, de l’autre, la communication de la municipalité, assurée par un service en charge de la communication rattaché plutôt au directeur général de la municipalité (Lavigne, 1995).
Autrement dit, lorsqu’on se situe dans la perspective thématique (et non plus dans celle de l’échelle territoriale), la communication territoriale intègre la communication politique et bien d’autres sous-champs. En effet, la communication d’une commune ou d’une région peut renvoyer tour à tour à l’information publique (informer les usagers sur les services publics), à la communication institutionnelle (promouvoir l’image d’une institution), à la communication politique (promouvoir un projet politique en vue de la victoire), à la stratégie territoriale (promouvoir un territoire), à la communication sociale (promouvoir des valeurs sociales, communiquer pour faire changer des comportements sociaux), à la communication de projet (mobiliser les acteurs pour la réussite d’un projet), etc.
Les politiques
Les élus locaux ont également vite accaparé la communication au travers du discours. Dans cette perspective, il a souvent été question de défendre la communication comme un impératif démocratique.
« L’information des citoyens, condition nécessaire à la démocratie locale, doit mettre à la disposition de chacun les éléments permettant de se forger un jugement sur le moyen d’associer le plus grand nombre à la vie communale et d’établir un dialogue permanent entre habitants et élus (cité dans Dauvin, 1990, p. 67). Pierre Mauroy
Les publics
Pour les publics (citoyens, groupes d’intérêt et associations), l’information municipale peut être définie, en substance, comme un droit d’accès. L’argument le plus fréquemment avancé est que cette information est nécessaire à l’émergence d’une meilleure démocratie locale, en tant que préalable à la participation (Lavigne, 1995, p. 265).
Aujourd’hui encore, même sans que cela soit explicitement reconnu par les acteurs, l’abondante invocation par les collectivités territoriales des dispositifs dits « de participation » (carrefours de citoyens, ateliers participatifs, etc.) apparaît, entre autres, comme une prise en compte de tels enjeux démocratiques.